Le regard charbonneux qui s’efface, les lèvres comme mordues et surtout des cernes laissés visibles : le tired girl make-up s’impose comme une esthétique en rupture. Popularisé par Jenna Ortega dans son rôle de Mercredi Addams, ce maquillage détourne ce que la cosmétique traditionnelle s’acharnait à masquer. De TikTok aux défilés, en passant par Instagram, l’allure volontairement épuisée s’impose comme un manifeste, reflet d’une époque en quête d’authenticité et lassée du culte de la perfection.
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Une esthétique façonnée sur TikTok
Sommaire
Dès 2024, les premières vidéos de cette mise en beauté apparaissent sur TikTok. Le phénomène explose en 2025 avec le hashtag #TiredGirlMakeup qui cumule désormais des centaines de milliers de vues. L’actrice Jenna Ortega, muse incontestée de l’esthétique, a inspiré maquilleurs et internautes.
Sa maquilleuse Tara McDonald, citée par CNN, explique avoir volontairement préservé ses cernes naturels, préférant des fards sombres appliqués en couches légères et des lèvres subtilement rosées, comme si elles venaient d’être mordues. Le résultat : une aura vulnérable mais puissante, qui colle à l’esprit du personnage de Mercredi.
Les cernes, de stigmate à emblème
Longtemps traqués par l’anti-cernes, les ombres sous les yeux deviennent aujourd’hui un atout. La journaliste Hannah Baxter, dans Marie Claire US, analyse ce renversement comme une mutation profonde : les cernes s’érigent désormais en signe de force et de singularité.
Sur les podiums, certains créateurs vont jusqu’à accentuer ces marques. Meruert Tolegen ou Hillary Taymour (Collina Strada) exploitent volontairement ces ombres pour questionner la notion de beauté traditionnelle. Pour le maquilleur Dick Page, il ne s’agit plus de flatter la jeunesse ou la fraîcheur mais de mettre en avant la résilience.
Parmi les figures emblématiques, Gabbriette incarne cette esthétique avec intensité. Ses apparitions sur Instagram, suivies par plus d’un million d’abonnés, propulsent encore davantage le mouvement.
Les codes esthétiques du tired girl make-up
- Teint clair, peu travaillé, presque translucide
- Cernes visibles ou accentués
- Regard charbonneux légèrement estompé
- Lèvres teintées d’un rouge violacé discret
La clean girl remise en question
Face à cette esthétique brute, l’image polie de la clean girl, incarnée par Hailey Bieber ou Sofia Richie, perd de son attrait. La fatigue assumée devient une manière de dire non au lissage permanent. Pour la maquilleuse Nirvana Jalalvand, il s’agit d’une résistance au perfectionnisme excessif. Cette posture se retrouve également dans les contenus partagés en ligne : carrousels de photos floues, images imparfaites, montages sans hiérarchie.
Ce désordre revendiqué marque une rupture nette avec l’esthétique léchée qui dominait les réseaux sociaux.
L’expression d’une société à bout de souffle
Au-delà du simple maquillage, le tired girl make-up reflète un climat social et psychologique. Pressions professionnelles, anxiété écologique, incertitudes économiques : cette esthétique illustre un état collectif. Pour Dan Hastings-Narayanin du Future Laboratory, il s’agit d’un exutoire : afficher son épuisement avec une pointe d’humour noir devient une façon de reprendre contrôle.
Facteurs alimentant l’esthétique du réel
- Intensification du stress scolaire et professionnel
- Défiance face aux crises politiques et environnementales
- Sentiment d’endettement et d’instabilité économique

